6ème République oui, mais fédérale !

Limòtges, 01/06/2006

Contribution au forum citoyen : QUELLES PRIORITÉS POUR LA GAUCHE AUJOURD’HUI ?

Pour intéresser les gens, la gauche doit s’ouvrir à de nouvelles revendications.

On parle souvent du fossé qui sépare le citoyen de la politique.

La politique paraît souvent éloignée de la vie de tous les jours, des préoccupations quotidiennes : l’emploi, les conditions de vie, les services publics…

Au Partit Occitan, nous voulons rapprocher le pouvoir du citoyen.

Souvent, en France, les décisions se prennent à Paris et après un obscur cheminement administratif, s’appliquent ici, à la base.

Nous voulons un pouvoir politique plus proche, plus contrôlable. C’est pourquoi nous revendiquons un vrai pouvoir régional.

C’est à dire des régions dotées de véritables pouvoirs de décision.

Et comme « les décideurs sont les payeurs », nous voulons des régions dotées de véritables budgets régionaux.

Les régions actuelles – même si c’est un progrès par rapport à la situation d’avant les lois Defferre , d’avant 1982 – sont des nains économiques et politiques.

Comparons deux régions de taille voisine en Europe :

  • La Communauté valencienne, dans l’état espagnol :
  • Population = 4,8 millions d’habitants;
  • Budget = 13,3 milliards d’€.
  • La région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans l’état français :

  • Population = 4,7 millions d’habitants;
  • Budget = 1,53 milliards d’€.

    1,53 milliards d’€ / 13,3 milliards d’€ ! : Les possibilités d’intervenir dans la vie des gens ne sont pas les mêmes.

    Donc, ici, on peut avoir les réactions : « mais ça sert à quoi, la région ? »

    Ses compétences – ou plutôt ses possibilités d’intervention sont A LA MARGE.

    Ce n’est pas elle qui va empêcher une fermeture d’entreprise ou interdire la culture d’OGM sur son territoire. Ce n’est pas elle qui va obliger un recteur à mettre sur pied l’enseignement de l’occitan – comme en Limousin (où il est quasiment inexistant malgré ce que prévoit la loi), ou qui pourra peser sur les programmes FR3 pour que la langue du pays, l’occitan soit présent dans les programmes. Il s’est tenu récemment des « Assises de l’occitan en Limousin » et on a vu tout ce qui restait à faire pour la culture et la langue des gens d’ici.

    Donc, oui, pour nous, pour qu’il y ait un changement dans la vie des gens – un changement en mieux, c’est ça la gauche, non ? – c’est le pouvoir « local « qui peut l’apporter, le pouvoir régional.

    Le pouvoir central, est souvent (toujours ?)synonyme de pouvoir parisien.

    Quand on regarde les chiffres, on voit qu’en France, règne l’inégalité territoriale.

    L’île-de-France, c’est

    • 2,2% du territoire
    • 19 % de la population

    mais pourtant c’est

    • 27,5% des investissements de l’état pour l’enseignement,
    • 40% pour la santé,
    • 56% pour la culture et le sport.

    Pour les salaires :

    Selon l’INSEE, « toutes choses égales par ailleurs », le salaire moyen pour l’île-de-France dépasse de 14,4% le salaire moyen limousin.

    C’est à dire que le salaire moyen du Limousin est inférieur de 660 € par mois au salaire moyen en Île-de-France.

    Vous me direz, « ne nous plaignons pas, le taux de chômage du Limousin est le plus bas de l’hexagone. Exact, mais selon un rapport du Céreq en 2003 : « Entre 25 et 29 ans, les habitants qui quittent la région sont beaucoup plus nombreux (proportion la plus élevée de France) que ceux qui s’y installent. » ou encore : « A la fin de leurs études, les jeunes formés dans le Limousin sont très mobiles géographiquement. Par rapport à la moyenne nationale, ils sont deux fois plus nombreux à changer de région ».

    Donc, pour de nombreux jeunes Limousins, pour trouver un emploi, il faut s’exiler.

    Ça, c’est un problème concret auquel la gauche devra donner des réponses pour changer la vie des gens.

    On pourrait parler des services publics car cet exode économique – qui touche tout le Massif Central occitan de la Creuse à la Haute-Loire, de la Lozère à la Corrèze – cette « désertification » – sert d’alibi aux fermetures de bureaux de postes, de gares, d’agences diverses.

    Et les décisions de fermeture se prennent « en haut lieu » comme on dit, souvent dans les directions parisiennes de la Poste, de la SNCF, des Impôts, de la Santé, de l’EDF.

    Là aussi, pour les services publics, nous pensons que le niveau régional – mais bien évidemment doté des financements nécessaires – est le mieux adapté à l’organisation des services publics. C’est pourquoi nous défendons une gestion régionale des services publics.

    Notre priorité pour la gauche, c’est cette redistribution des pouvoirs sur le territoire de la République – sortir vraiment du système bonapartiste français – qui est encore au coeur de la 5ème République.

    Nous voulons une république fédérale, reconnaissant les autonomies régionales.

    Bien entendu, il faudra corriger l’article 2 actuel qui exclut les langues historiques de France. L’occitan doit être officiellement reconnu.

    Deux derniers points que je ne peux développer par manque de temps mais qui complètent le changement institutionnel et garantissent sa démocratisation :

    • la réforme du mode de scrutin avec une base proportionnelle : représentation des minorités.
    • l’interdiction stricte du cumul des mandats : une personne/un mandat avec limitation de durée, afin de renouveler le personnel politique, d’ouvrir aux « minorités visibles », de créer un appel d’air dans les partis politiques, pour réactiver la vie démocratique.

    En conclusion, le Partit Occitan, composante occitane de « Régions & Peuples solidaires » oeuvre pour une véritable démocratie politique, sociale, économique et culturelle.

    C’est le sens de son engagement aux côtés de la gauche dans ce forum.

    Déboucherons-nous sur un accord politique sincère et véritable ? Nous y sommes prêts si nos revendications sont prises en compte.

    Jan URROZ, délégué régional du Partit Occitan pour le Limousin